CARNETS DE TEL AVIV #05

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17.09.2012

CARNETS DE TEL AVIV #05 / DANSE CONTEMPORAINE EN ISRAËL (2) : EMANUEL GAT, YASMEEN GODDER, RENANA RAZ, ET NOA WERTHEIM… LÂCHENT LES RENNES

 

CARNETS DE TEL AVIV par Sabine Huynh : DANSE CONTEMPORAINE EN ISRAËL (2) : EMANUEL GAT, YASMEEN GODDER, RENANA RAZ, ET NOA WERTHEIM.

Comme pour le premier volet de « Danse contemporaine en Israël » (Carnets de Tel Aviv #04)*, des chorégraphes israéliens interviewés durant l’été 2012 ont répondu à des questions qui tournaient autour de certains mots. Pour ce second volet, explorons les mots inspiration, imagination, thèmes & histoires,théâtre, contraintes, musique et écriture.

Alors qu’il est arrivé encore récemment à Yasmeen Godder (Yasmeen Godder Dance Group) de collaborer avec les danseurs de la compagnie Batsheva, Emanuel Gat (Emanuel Gat Dance), Renana Raz (Renana Raz Dance Group) et Noa Wertheim (Vertigo Dance Group) travaillent chacun(e) de leur côté et n’en produisent pas moins des oeuvres aussi remarquées que leurs collègues. J’ai eu la chance d’assister à des spectacles de Godder, de Wertheim et de Raz. Je n’ai encore rien vu d’Emanuel Gat, qui vit en France, mais nous nous sommes rencontrés à l’occasion de l’un de ses séjours à Tel Aviv.

Le spectacle « Storm End Come » (2011) de Yasmeen Godder montre le tremblement des corps et des sens dans l’imminence d’une catastrophe naturelle, ou après un désastre. Godder pense qu’il diffère de ceux qu’elle a chorégraphiés auparavant car il est moins théâtral et plus abstrait.


Storm End Come” est une expérience hors du commun : un mélange de tension et d’émotions sur une chorégraphie électrifiante et exaltée, qui donne envie de se lever, de sauter sur scène, de courir, sauter, suer, haleter, crier, s’emparer des mains, des jambes, des cheveux, tirer… « Storm End Come », cathartique, nous libère de nous-mêmes : le spectateur, happé, finit par fusionner, au moins au niveau émotionnel, avec les danseurs, qui incarnent des bêtes. Le spectacle met les sens à rude épreuve : la puissance de la musique expérimentale et électro-acoustique de Hajsch percute les tympans et bourdonne dans les têtes et les muscles longtemps après avoir quitté la salle. La performance incroyablement physique, sensuelle et précise des six danseurs reste imprimée sur les rétines.

Godder admet que « Storm End Come » remue les spectateurs et qu’il est normal qu’à un moment donné le corps et les sens saturent. Un an et demi de travail impliquant énormément de recherche à effectuer et de défis à relever ont produit une performance à couper le souffle et totalement inoubliable.

Le spectacle « The Toxic Exotic Disappearance Act» (2012) a quant à lui été créé en six semaines, pour la compagnie Batsheva. Godder y a travaillé d’arrache-pied avec ses danseurs et ceux de Batsheva, en explorant d’abord des mouvements et des scènes avec les siens, puis en les enseignant par la suite à ceux de Batsheva, avec qui elle a aussi travaillé sur des improvisations. Cette façon d’oeuvrer était nouvelle pour elle et stimulante également, grâce aux échanges fructueux entre les danseurs.